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INTERVIEWS > Awek (2/3)
 

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Bluesactu.com : Barber Shop voit la naissance d'une nouvelle collaboration avec Mosaïc Distribution. Est-ce que le fait de bénéficier de cette distribution a changé votre façon de travailler ?

Bernard SellamBernard Sellam : Avec les albums précédents nous étions déjà en distribution avec MSI qui malheureusement a arrêté. De toute façon, nous sommes très contents d'être avec Mosaïc car on estime que le travail est mieux fait. Ce sont des gens supers, en particulier Maxence, le grand Boss de Mosaïc qui fait un super boulot pour les disques d'Awek et la musique en général.
C'est vrai que la distribution change pas mal de chose. Premièrement, être distribué, c'est pouvoir être chroniqué. Si tu n'es pas distribué personne ne te chroniquera puisque ton disque est introuvable. La distribution c'est donc essentielle. Les gens qui ne te voient pas en concert peuvent tout de même acheter ton disque et te découvrir à travers celui-ci. C'est très important pour nous.

 

Bluesactu.com : Votre album est donc désormais distribué dans la France entière. J'imagine que le classement a été un casse-tête pour les disquaires. Si le fond est indéniablement blues, l'ensemble sonne également pop, rock, soul et même country ("Work", "You Can't Judge a Book"). Alors rappelez-nous quels sont les grandes influences qui traversent vos compositions et dans quel bac de disquaire vous sentez-vous le plus à l'aise ?

Bernard Sellam : Dans le blues pour la deuxième question. C'est évident. Il y a plein de gens ouverts dans le blues qui nous considèrent comme un groupe de blues même si nous avons beaucoup d'influences différentes : rock, soul, rhythm'n'blues et même des influences des 70's car c'est à cette époque que j'ai découvert la musique avec Led Zeppelin, Deep Purple, etc. J'ai flashé sur Hendrix quand j'avais 12 ans. Après j'ai écouté les grands bluesmen comme BB King.

Olivier Trébel : Même si Bernard apporte l'essentiel des compositions, on forme une sorte de jury qui sélectionne les titres qui vont nous intéresser. Dans Awek, Bernard a une très grosse culture blues, c'est celui qui s'y intéresse le plus. Moi je viens d'un autre univers, plutôt pop et Joël c'est le jazz. On sélectionne les morceaux parce qu'on est d'abord attiré par une mélodie, des accords et c'est peut-être parce qu'on n'écoute pas que du blues que la couleur musicale du groupe est différente. En fait on n'a pas cette culture là en nous à fond. Mais j'aime beaucoup le blues. Je m'éclate à le découvrir petit à petit et à le jouer mais je ne viens pas de là. 

 

Bluesactu.com : Vous attachez beaucoup d'importance à votre identité visuelle. Les pochettes de vos trois albums sont très originales. Comment est née cette idée du Barber Shop pour ce troisième album ?

Olivier TrébelOlivier Trébel : Le Barber Shop vient du fait qu'on va très souvent jouer à Lyon dans un pub qui s'appelle l'Eden Rock. Tout près, dans la rue Mercière il y a un barbier, là depuis des années, qui a une vieille déco. En passant devant régulièrement, on s'est dit que si on faisait un troisième disque on aimerait utiliser le décor de ce barbier. Ca s'est fait comme ça.
On a rencontré un personnage extraordinaire sur Lyon qui s'appelle Denis Chobelet qui fait toutes les pubs de l'Eden Rock. Nous avons aimé sa façon de travailler et lui avons demandé si ça l'intéressait de travailler avec nous sur ce troisième disque en lui proposant l'idée du barbier. C'est lui qui a fait le reste.
Nos pochettes ont été bien accueillies c'est vrai. On ne savait pas trop ce que ça allait donner mais en fait les gens aiment beaucoup donc c'est bien.

 

Bluesactu.com : Vous avez partagé la scène avec de très grands musiciens en assurant leurs premières parties. Quels sont vos meilleurs souvenirs de scène ? J'ai notamment entendu parler d'un boeuf avec Lucky Peterson lors du festival Jazz sur son 31 ...

Joël Ferron : Oui, c'est tout frais. Ca s'est passé la semaine dernière, c'était génial ! Au départ, il était prévu que seul le guitariste de Lucky Peterson vienne faire le boeuf avec nous. En fait, très rapidement s'est greffé le batteur, le sax, même Monsieur Lucky Peterson en personne est venu et il a pris ma basse.
Il y avait aussi un autre groupe qui s'appelle Amadou et Maria, Daniel Antoine, un pote de Toulouse qui est le clavier des Commitments. C'est l'expérience la plus récente et c'était vraiment très intéressant.

Olivier Trébel : Je pense aussi à l'expérience que nous avons eu avec Shemekia Copeland cet été.  On était en festival avec elle et on a eu l'occasion de faire un boeuf mémorable sur la grande scène avec son batteur et son guitariste Arthur Neilson, un mec assez fantastique.  Je ne le connaissais pas personnellement mais il nous avait impressionné dès les premières notes même sans Shemekia Copeland puisque les musiciens ont commencé le concert seuls. On a senti alors que le personnage était assez redoutable. En fait, au lieu de rentrer dans son hôtel, il est resté jusqu'à la fin de notre concert puisqu'on jouait après elle. Du coup c'est elle qui faisait notre première partie, il faut bien le dire !
Il y a eu également la rencontre avec Luther Allison. Ce n'était pas avec Awek mais avec Formidables. J'en ai un super souvenir car là je rencontrais vraiment un très grand Monsieur du blues.

 

Bluesactu.com : On sent que vous êtes toujours prêt pour se type de rencontres impromptues. Ce fût par exemple le cas hier à Valence par exemple ...

Joël Ferron : Oui c'est vrai. On essaye dès qu'on peut de faire jouer des gens. Des fois on évite car on ne sait pas sur qui on tombe ! Hier soir à Valence c'était un sax qui me paraissait très sympa et on s'est bien régalé.

 

Bluesactu.com : Est-ce que le quatrième album pourrait être un Live ?

Bernard Sellam : On ne sait pas encore, on ne se prononce pas. Un album Live c'est super mais il faut des conditions de tournée avec un studio mobile, etc. On n'y a pas encore réfléchi. Ce qui m'ennuie dans les Live c'est que tu réécoutes les morceaux qu'il y avait déjà sur les disques précédents. Je crois qu'il faut aussi écrire des morceaux, même pour un Live. Je pense par exemple au dernier Kim Wilson, un superbe disque Live. Il n'y a aucun morceau de ses albums précédents et je trouve ça super.

Olivier Trébel : En fait, sur Barber Shop la plupart des morceaux sont déjà enregistré Live, même s'il manque le public. Par exemple, sur "You Can't Judge a Book" et "Flamenco Woman" on est tous les cinq en studio en même temps. Il n'y a aucun rajout. C'était d'ailleurs un grand moment avec Dominique et Youssef, nos potes de Back Door. Alors c'est vrai qu'il n'y a pas l'énergie qu'il peut y avoir sur scène mais tout est enregistré en Live sur nos disques, à part le chant qu'on rajoute quelquefois mais pour des raisons techniques.
Si on a l'opportunité d'un disque en public on le fera avec plaisir. Mais il faut aussi avoir un vrai public blues ce qui n'est pas forcément facile à trouver en France. Il faut des gens qui suivent la musique comme ça se passe aux Etats-Unis, qui sifflent sur les morceaux car ils apprécient un solo, qui se lèvent, bougent, ... Ca motive et les musiciens se surpassent quand ils jouent. En France il y a de l'écoute mais c'est très différent. Quand les gens participent aux morceaux pendant qu'on joue ça nous transcende. C'était le cas d'ailleurs la semaine dernière avec la nuit du blues au festival de Jazz sur son 31. Il y a eu des grands moments grâce à ça.

 

Bluesactu.com : Sur cet album comme sur le précédent, le trio s'étoffe avec le renfort de nombreux invités comme Youssef Remadna à l'harmonica, Dominique Talma à la guitare, Thierry Ollé à l'orgue, etc. Est-ce que ça vous tente de vous orienter définitivement vers une formule à 4 ou 5 musiciens comme vous pouvez le faire de façon très occasionnelle sur scène ?

Bernard Sellam : Oui, on le fait de temps en temps avec Back Door et c'est une super expérience parce que c'est avant tout des gens qu'on apprécie avec qui on a un grand plaisir à tourner. Le travail en groupe c'est 2 ou 3 heures sur scène mais c'est 24 heures en tournée.
Pour moi, Awek ça reste un trio et c'est là que je me sens le plus à l'aise mais c'est personnel, je pense que les autres ne sont pas d'accord avec moi.

Olivier Trébel : L'intérêt c'est aussi de faire cette musique à trois et de temps en temps de prendre du plaisir à rajouter des gens. Pour nous ça devient quelque chose d'exceptionnel sur le moment car d'un coup on entend nos morceaux avec un deuxième guitariste, un harmo ou un orgue. C'est jouissif sur scène à ce moment là !
C'est vrai que, quelque fois, sur des grosses scènes on a envie d'étoffer un peu plus. Dès qu'on a l'occasion de le faire on n'hésite pas. On propose maintenant des plateaux avec Back Door ou d'autres musiciens.

 

Bluesactu.com : Quels sont les instruments que vous utilisez chacun ?

Bernard Sellam : Sur scène j'utilise deux guitares Fender, une stratocaster de 1975 et une télécaster qui est un assemblage de choses vieilles et récentes. J'ai aussi un ampli guitare Fender, un Blues Deville qui a été pas mal modifié et une pédale de distorsion Overdrive Boss. Je suis très Fender en fait avec Awek. C'est vraiment le son qu'il faut. Après le gros boulot du son c'est un travail personnel, c'est les doigts, la voix, plein de choses.
   
Olivier Trébel : Pour la batterie c'est une Yamaha Mapple Custom en érable. Elle est très simple : un fût de 10", un fût de 14", une grosse caisse de 22" et trois cymbales. Je n'ai pas encore eu la possibilité d'avoir une très vieille batterie, ce que je recherche depuis un moment, comme Greetch ou Ludwig. Je souhaiterais avoir ça pour une question de son. Ceci dit, la Mapple est une super batterie car elle s'adapte à tous les lieux dans lesquels on peut jouer. C'est une batterie facile à régler et solide. Maintenant je l'accorde très bas car j'aime le son bien gras, sans agressivité. 
        
Joël Ferron : Comme Bernard, je suis un inconditionnel de Fender. J'en ai plusieurs que je collectionne. Jusqu'à peu de temps je jouais sur une Fender Jazz Basse.  Depuis quelques concerts j'ai repris ma vieille Precision de 1955. Je trouve qu'elle a un son plus porteur pour le trio. Ca soutient encore plus. L'ampli est un Ampeg à lampe.

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  POUR EN SAVOIR +
- Site officiel d'AWEK
- Site de Blues Qui Roule
- Interview sur le site Delta Blues
- La Gazette de Greenwood
 
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