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INTERVIEWS > François
Louwagie |

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Interview réalisée le 10/07/99
par Cédric Vernet
Mandoliniste
professionnel, François Louwagie crée le groupe Bluegrass Burger en 1990. Il
est également le fondateur du festival « Sur la route de Tullins », un
festival isérois de musiques du sud-est des États-Unis. Nous le recevions en
direct, le Samedi 10 Juillet, de 12H15 à 14H, une semaine avant le lancement
de la troisième édition du festival. Une émission très conviviale agrémentée
de séquences live à la mandoline solo ! |
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Bluesactu.com : Peux-tu
nous résumer les temps forts des deux dernières éditions du festival « Sur la
route de Tullins » ? |
François Louwagie : On a créé
ce festival en 1997. Le projet était de monter un concept original autour de cinq styles
musicaux différents. : blues, country, cajun, celtique et bluegrass. Dès la première
année on a eu des groupes forts sympathiques : Gérard Herzhaft en blues, Glaz, un groupe
celtique de Bretagne qui a fait un tabac, Roger Morand Cajun Band, etc. Comme la première
édition s'est bien passée, on a décidé d'embrayer sur la deuxième. Le public est venu
en nombre, on a doublé la fréquentation du festival. Nous avons eu la chance d'avoir
Patrick Verbeke qui nous a propulsé la fréquentation. C'est une tête d'affiche
incontournable en blues. Nous avons eu également un concert endiablé des Bootleggers, un
groupe de Country music, Délos, une formation de musique celtique de Dublin et encore de
nombreux groupes. |
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Bluesactu.com : L'été est la
saison des festivals. Qu'est-ce qui différencie « Sur la route de Tullins »
des autres festivals du même genre ? |
François Louwagie : Je dirais que
c'est un jeune festival qui se développe d'année en année. Il fonctionne sur une osmose
entre les musiciens, le public et les bénévoles. C'est vraiment un des points forts. Ce
qui est intéressant également, c'est de voir la diversité de la programmation. On
arrive à mélanger les publics. Par exemple, le public de musique celtique aime bien le bluegrass mais il n'en sera pas forcément fan. Par contre, il va découvrir un style
qu'il ne connaîtra peut-être pas et inversement. C'est vraiment un concept original.
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Bluesactu.com : Comment est née l'idée de
créer un festival dans cette petite commune de Tullins ? |
François Louwagie : J'appartiens à un
groupe qui s'appelle Bluegrass Burger. On a sorti notre premier CD, « Flying
Burger » en 1997. Comme c'était notre premier disque, on a fait une grosse
fête où on a invité pleins de musiciens, des amis et puis aussi des personnalités du
monde du spectacle, des politiques. On avait invité le maire de Tullins, ses adjoint, ses
conseillers. Dans l'ambiance, on a évoqué l'idée, avec la commune de Tullins, de monter
ce festival. Le maire, André Vallini, a percuté sur ce projet et nous a donné des
moyens assez conséquents pour travailler sur la première édition. C'est une aventure
qui continue et qui durera je l'espère.
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Bluesactu.com : J'ai cru comprendre que
déjà très jeune, tu organisais des « Bluegrass Party » ! Tu avais le germe
de l'organisateur depuis longtemps ? |
François Louwagie : Je vois que tu est
bien renseigné ! C'est vrai qu'à l'occasion de fêtes, j'avais déjà eu l'occasion de
coordonner tout un tas de choses. C'était des fêtes assez sympas, en pleine forêt.
Ensuite, je me suis occupé du management du groupe Bluegrass Burger. J'ai également
travaillé à l'organisation d'un festival de jazz en Savoie, dans lequel j'avais une part
active au niveau sonorisation. Bien plus tard, j'ai participé au premier festival
francophone des jeunes créateurs, parrainé par le journal Transfac, à Tignes. J'ai
effectué la programmation avec notamment Francis Lockwood, etc. Les compétences
s'acquièrent avec la volonté d'apprendre des choses. |
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Bluesactu.com : Qu'est-ce qui
rapproche les cinq styles de musique du festival ? |
François Louwagie : On va faire un peu
d'histoire. Ce sont des musiques du sud-est des États-Unis. Beaucoup de gens me demandent
pourquoi nous avons intégré la musique celtique. Il faut savoir que les irlandais
faisaient partie des premiers colons à être allés aux États-Unis en emportant avec eux
leur tradition musicale et notamment le violon qui a beaucoup inspiré le blues, la
country, le bluegrass. Sur la côte est des États-Unis on retrouve tous ces styles. Il y
a des regroupements qui se font entre toutes ces musiques. |
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Bluesactu.com : L'idée de créer un
festival de musique du sud-est des États-Unis vient d'une passion, celle que tu as pour
le bluegrass. Comment as-tu découvert cette musique ? |
François Louwagie : C'est familial.
J'ai un frère qui est guitariste et qui a un aujourd'hui un groupe de bluegrass, un autre
frère, aujourd'hui décédé, jouait du banjo et ma sœur de la contrebasse. Un jour
mon frère est venu me voir. Il m'a dit qu'il souhaitait que je joue de la mandoline dans
le groupe familial. Deux jours plus tard, on allait acheter une mandoline à 300 Frs en
forme de poire ! J'ai commencé à faire quelques accords et, petit à petit, je me suis
mis à la musique. Ensuite, je suis parti plusieurs fois aux États-Unis avant que la
musique devienne ma raison principale de vivre ! |
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Bluesactu.com : Qu'est-ce qui
caractérise le bluegrass ? |
François Louwagie : C'est une musique
très rythmée. Dans les concerts, les gens tapent du pied et se lèvent souvent pour
danser. De plus, il y a souvent 3 ou 4 voix harmonisées. Le banjo est très
caractéristique de ce style. Il ne peut pas y avoir de bluegrass sans banjo. Ensuite, on
trouve la contrebasse qui fait le temps, la mandoline, le contre-temps et la guitare qui
se place entre les deux. C'est une musique assez jeune qui ne demande qu'à être
connue. |
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Bluesactu.com : Il n'y a donc pas de
batterie ? |
François Louwagie : Non, mais il peut
y en avoir. Sur le bluegrass traditionnel, il n'y en a pas. Mais certains groupes
ont des batteries. Ils font ce qu'on appelle du Newgrass qui associe les instruments
du bluegrass avec les musiques actuelles. |
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Bluesactu.com : D'où vient le terme
bluegrass ? |
François Louwagie : En fait, le pays
du bluegrass c'est l'État du Kentucky. J'ai eu l'occasion de m'y rendre en 1997. C'est un
massif montagneux, le massif des Appalaches, et la légende dit que le soir au coucher du
soleil, on voit des reflets bleus dans les montagnes.
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Bluesactu.com : Peux-tu nous parler des
grands moments de l'histoire de ton groupe Bluegrass Burger ? |
François Louwagie : C'est un groupe
qui est devenu professionnel en 1990, à partir des jeux olympiques en Savoie. Mais il y
avait tout un passé familial avant !
Au départ, mes frères et moi avons déménagé en Savoie. Nous étions tous les trois
maîtres nageurs. Après le boulot, on se retrouvait pour jouer dans les stations, les
sites touristiques. On a ensuite enchaîné sur des manifestations un peu plus importantes
comme les jeux olympiques d'Albertville. Au festival Transfac de Tignes, nous avons eu
l'occasion d'être reçu par Jean-Louis Foulquier dans son
émission « Pollen ». On a également fait des émissions de télé avec
Christine Bravo et de nombreuses premières parties. C'est une longue histoire, faite
également par une succession de très bons musiciens, notamment des banjoïstes
prestigieux. Cette aventure continue et j'en suis ravi. |
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Bluesactu.com : A l'écoute de votre
disque, on s'aperçoit que vous surfer entre de nombreux styles. Comment est-ce que tu
définirais la musique de Bluegrass Burger ? |
François Louwagie : C'est une très
bonne question car souvent les gens nous reprochent d'être inclassable et non empreint
d'un seul style. Notre musique est à l'image de la diversité de la formation. Le
bassiste du groupe, Thierry Réocreux, vient du jazz, Bertrand, le guitariste, a fait du
rock, du hard rock, quant à moi je suis très imprégné de bluegrass mais reste très
ouvert sur les autres styles. On essaie de faire une musique variée tout en restant dans
la tradition du bluegrass. On se situe entre le bluegrass et le newgrass. A l'avenir, sur
notre prochain album, nous allons intégrer beaucoup de compositions en français. |
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