BENOIT
BLUE BOY
Interview réalisée le 6 novembre 2007 par Cédric Vernet et Francis Rateau
Le nouvel album de
Benoît Blue Boy "Mic Mac" est
dans les bacs depuis le 6 novembre. On y retrouve les
influences Zydeco chères à un des plus grands ambassadeurs du
blues français. A ses côtés sur cet album, ses fidèles
compagnons, les "Tortilleurs" : Stan Noubard Pacha, Thibault
Chopin, Fabrice Millerioux et quelques invités parmi lesquels
Franck Goldwasser, Elmor Jazz ...
Extrait de l'interview réalisée par Cédric VERNET et Francis
RATEAU dans l'émission
Le Blues
Café ...
MicMac
... pourquoi ce nom ? Cela fait penser aux ingrédients d’un
plat qu’on secouerait fortement ?
Oui c’est un peu cela mais j’emploie souvent le terme
"micmac". J’avais envie de faire un album où tout était
mélangé, comme d’habitude d’ailleurs mais là, au moins c’est
dit.
Il
y aussi un mélange d’amis sur cet album : les fidèles
Tortilleurs, plus Elmor Jazz, Steve Verbeke, Franck Goldwasser,
Julien Brunetaud, Yousseff Remadna. Ce CD est-il aussi une
occasion de les réunir tous ?
Oui, j’avais vraiment envie que tout le monde vienne. Mais je
ne suis même pas arrivé à les mettre tous et la prochaine
fois, j’en rajouterai d’autres. Pour Goldwasser, il a déjà
joué sur un autre de mes albums et l’on travaille sur son
prochain CD, à lui. A chaque fois qu’il revient des States, où
il vit, on se débrouille pour jouer ensemble.
Tu
enregistres toujours en live et en une seule prise, en studio
?
Oui toujours qu’une prise, aux ¾ en live. Pour moi, c’est très
difficile de répéter du blues. Faut juste trouver un studio
suffisamment grand pour qu’on puisse jouer tous ensemble. Et
là, on joue comme si on était sur scène. Le blues, c’est une
émotion et pas possible de répéter une émotion, cela ne marche
pas. Sur cet album, c’est la spontanéité qui prime. On a
souvent laissé jusqu’au bout les titres, sans les couper.
Tu
reprends parfois d’anciennes chansons sur tes disques. Là
encore, tu refais le coup avec deux titres réenregistrés ?
Oui ça m’amuse de les rejouer autrement, car on a évolué...
On
a toujours l’impression que tu chantes au second degré, avec
une voix marmonnée et des paroles qui rigolent...
Oui c’est vrai mais le blues, c’est toujours au second degré.
On raconte une histoire, elle est vraie, elle est fausse, peu
importe, et souvent dans l’histoire, on s’arrange pour qu’il y
en ait une autre. J’ai toujours pensé qu’il était impossible
de faire des soirées de blues en jouant au premier degré. On
n’est pas devant des gens pour les faire pleurer, ou leur
raconter des choses tristes, donc j’essaie de partager le
répertoire entre moments drôles, et d’autres moins drôles,
comme dans la vie finalement. A propos du chant marmonné, tu
sais, quand on écoute des américains chanter du blues, de
Robert Johnson à Jimmy Reed, on ne comprend pas toujours ce
qu’ils disent. Et puis ça fait partie du jeu qu’il y ait un
certain mystère dans ce qu’on raconte afin que les gens
fassent l’effort de t’écouter. C’est comme un hameçon !
Sur Micmac, impossible de ne pas
retrouver ton style, entre blues et cajun.
Je reste fidèle à toute cette musique du sud, de la Nouvelle
Orléans à la frontière mexicaine, hyper mélangée. J’ai eu la
chance d’habiter là-bas et c’est vrai que les musiciens jouent
pour les gens qui sont là. Si c’est en Louisiane, il y aura
toujours des titres en français. Ailleurs ce sera en espagnol,
ou en anglais, mais c’est toujours mélangé. Et festif, car il
faut que les gens dansent. D’ailleurs, s’ils ne dansent pas tu
ne repasses pas deux fois !!!
Par
ailleurs tu voyages souvent en Inde. N’as-tu pas eu envie de
mêler un peu de musique de là-bas à la tienne ?
Non, je n’aime pas mixer plusieurs styles. Par contre, en
février, je pars au Rajasthan enregistrer un album avec des
musiciens indiens de la musique du désert. Je jouerai de
l’harmonica.
Tu fais partie de ces 4 mousquetaires
qui oeuvrent depuis longtemps dans le blues français, avec
Paul Personne, Bill Deraime, Patrick Verbeke. Finalement on se
rend compte que vous avez pris, chacun de vous, une
orientation différente avec une relecture très personnelle du
blues.
On est toujours très potes, tous les quatre. On s’appelle
régulièrement. On s’invite, on joue ensemble. Chacun sait ce
que fait l’autre. Mais on a aussi chacun notre manière de voir
le blues, mais c’est vrai qu’on a un peu créé tous les quatre
l’histoire du blues français et que personne ne le faisait
avant.
Comment vois-tu l’évolution du blues
en France ?
Cela a énormément évolué au niveau des musiciens. Si demain je
ne pouvais plus jouer avec les Tortilleurs, cela me prendrait
3 mn pour trouver un guitariste ou un batteur. Il y a 15 ans,
tu ne pouvais pas. Et maintenant, tu n’es pas obligé de leur
apprendre à jouer, le niveau est top et il y en a plein qui
savent jouer du blues.
Mais dans tous ces groupes nouveaux,
assez peu chantent en français ?
Oui je le regrette d’ailleurs car cela reste, pour moi, des
imitations du style américain. Si je devais le faire, je crois
que je serais dans une situation schizophrénique où tu te
demandes ce que tu fais là, à faire semblant d’être un
américain. Et puis sur scène, tu perds beaucoup en chantant
dans une langue que le public ne comprend pas, ou si peu.
Pour finir, qu’écoutes-tu en ce
moment comme CD ?
Ah des saxophonistes de R&B des années 40. Ça m’intéresse pour
le travail à l’harmonica. Et puis le Jimmy Vaughan et Omar
Dykes, hommage à Jimmy Reed, une très bonne idée et un bel
album !
Benoit Blue Boy sur le net :
http://blueboy.free.fr
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