LES INTERVIEWS DU
BLUES CAFE |
MARVELLOUS
PIG NOISE
Interview
réalisée le 08/11/04
par Cédric Vernet et Francis Rateau
Ça
y est ! Le Marvellous Pig Noise nouveau est arrivé ! Véritable Melting-pot
de saveurs musicales, ce groupe du sud de l'hexagone vient d'enregistrer un
album Live dans son fief, le Sax' Aphone de Montpellier. "Live au Sax'" sort
en ce début décembre dans les bacs de nos disquaires. Il présente une
formation légèrement remaniée mais, ouf !, l'esprit reste inchangé : du
blues métissé, des influences louisianaises, des voix gospelisantes et
surtout une sacrée dose d'énergie dont cet enregistrement live est le
parfait témoin !
Pierre Citerne (chant / guitare / harmonica) a poussé la porte
du Blues Café sur Couleurs FM pour nous parler de ce nouveau projet. |
Blues Café : Pierre, l'année a
été assez discrète pour les Marvellous Pig Noise. Que s'est-il passé ? |
Pierre Citerne : Il y a eu quelques
évolutions dans le groupe. Deux personnes sont parties pour faire des
projets personnels. Il s'agit de David et Jean-Brice - un des
fondateurs du groupe avec moi et Jérôme - qui sont allés explorer de
nouveaux univers musicaux. On a donc trouvé un batteur chanteur et on
est parti sur une formule plus électrique. |
Blues Café : D’une formation «
orchestre de rue » avec washboard et contrebassine, vous avez évolué
vers une formule un peu plus traditionnelle avec l’arrivée, sur cet album,
d’un batteur et, sur le précédent, d’un bassiste. Est-ce que cette
évolution a été naturelle pour un groupe qui a fait ses armes dans la
rue ou les bars avant de côtoyer, comme vous le faites aujourd’hui,
des scènes plus importantes, des festivals ou des centres culturels ? |
Pierre
Citerne : Oui, mais même si la rythmique a évolué, l'essence de la
musique qu'on aime reste toujours la même. C'est un blues métissé de
voix gospel, un blues du sud. Je suis allé une fois en Louisiane. On
trouve là bas toutes les formes musicales qui se côtoient. Ce
métissage louisianais est propre à cette région car c'est un port qui
reçoit depuis des siècles des populations immigrées de pleins d'autres
endroits.
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Blues Café : L’album s’ouvre sur
une nouvelle composition du groupe « Ma Culture » qui rappelle que les
influences du groupe sont diverses, du blues au gospel en passant par
cette très métissée musique louisianaise. Comment définirais-tu cette
fameuse « culture » des MPN ? |
Pierre Citerne :
J'écoute du blues depuis que je suis né parce que mon père en
écoutait. C'est la musique que j'aime profondément et je ne sais pas
vraiment en faire d'autre. C'est ma culture. Il n'empêche que je suis
français et j'ai entendu des tas d'autres choses. La "culture blues"
ne peut pas se limiter à définir des styles musicaux très précis,
chicago blues, blues rural, etc. Au départ, le blues c'est une
essence, un feeling, une façon de chanter qu'on retrouve dans la soul,
le rhythm'n'blues.
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Blues Café : C'est un esprit ? |
Pierre Citerne : Tout à fait, c'est un
esprit avant d'être une forme. Voilà pourquoi ce n'est pas très grave
pour nous si la forme évolue. Au contraire, ça nous fait vivre une
nouvelle aventure mais l'essence du groupe est toujours là même.
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Blues Café : Peux-tu nous
présenter le p'tit nouveau du groupe, Nicolas Sarran ? |
Pierre Citerne : C'est un batteur qui
vient, au départ, d'un univers musical rock mais il est passé aussi
par la salsa ou des groupes plus groove, plus funk. Il sait
jouer de tout ! C'est un passionné de musique qui, de surcroît, chante
très bien. C'était important pour qu'on puisse garder cette formule de
musiciens chanteurs, propre au concept Marvellous.
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Blues Café : L'arrivée de
Nicolas correspond-elle à une volonté de donner au groupe une ambiance
plus électrique ? |
Pierre Citerne :
Non, ce n'est pas une volonté, ça s'est fait comme ça. Lorsqu'on
développe un esprit de groupe dans la façon de travailler, on
s'enrichit de ce qu'amènent les personnes. On ne va pas les
contraindre à jouer dans un style particulier. Ce n'est pas notre but,
chacun apporte sa façon de jouer. Par exemple, Marcel Muller, le
bassiste, est assez soul dans ses goûts, son idole c'est Marvin Gaye.
C'est un bassiste très fin qui a un sens du groove énorme. Avec
Nicolas à la batterie, ils ont vraiment développé ça sur l'album. Ça
se sent, ça groove sur beaucoup de morceaux.
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Blues Café : Le gospel, plus que
tout autre style, est fédérateur dans le groupe puisque vous avez été
nombreux à débuter dans des chorales de gospel. C'est vraiment une
influence très forte, n'est ce pas ? |
Pierre Citerne : Oui, tout à fait. Je
dirais que l'essence du gospel est la même que pour le blues. Quand on
connaît bien le blues et toute la culture noire américaine, on
s'aperçoit qu'énormément d'artistes, BB King par exemple, ont appris à chanter dans des formations
de gospel. On trouve aussi
beaucoup de collaborations comme actuellement Ben Harper avec les Blind Boys of Alabama, qui avaient déjà travaillé auparavant avec John
Hammond ou Tom Waits. Tout ça fait parti du même univers. Aux
États-unis, le blues et le gospel ne sont pas si séparés.
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Blues Café : Pierre, les
auditeurs du Blues Café peuvent poser des questions à nos invités
grâce au site web de l'émission. Quelqu'un te pose la question
suivante : "Est-ce que tu veux du miel dans ton thé le samedi 18
décembre ?". Tu voies de qui il s'agit ? |
Pierre Citerne : [rires] ... ça
serait James ?
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Blues Café : Tout à fait, c'est
James du Sax'Aphone de Montpellier. |
Pierre Citerne : Incroyable ! Oui, j'en
veux, c'est bon pour la voix ! [rires]
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Blues Café : Le Sax’Aphone de
Montpellier est d'ailleurs une salle qui rencontre aujourd’hui, comme
beaucoup malheureusement, de grosses difficultés. Est-ce facile
de jouer du blues en France à l’heure où de nombreuses
scènes, notamment des cafés-concerts, mettent la clé sous la porte ou
cessent les programmations ? |
Pierre Citerne : Ah non, ce n'est pas très facile ! On reste toujours un peu dans une aventure marginale. Ça
présente un avantage car quand les choses ne sont pas faciles on a au
moins envie qu'elles restent intactes et on a toujours tout à prouver.
C'est vrai que le Sax' Aphone reste un des derniers lieux très vivants
sur Montpellier. Quand je suis arrivé dans cette ville, il y a une
dizaine d'années, il y avait 7 ou 8 lieux où on pouvait jouer ! Mais
je crois que c'est un peu pareil partout en France
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Blues Café : Nous avons une
autre question par Internet de Mike qui te demande "A quand la
présentation de la nouvelle formation en région parisienne ?" |
Pierre Citerne : Déjà l'album sort en
distribution nationale fin novembre. A partir de là, on a un
calendrier de concerts qui est en train de se faire. On nous verra pas
mal à partir du printemps et de l'été sur les scènes des festivals de
France et d'Europe. Pour Paris, je pense que ça se fera début 2005. On
va essayer d'organiser un concert au New Morning au mois de
mai.
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Blues Café : Après ce live, avez-vous déjà un projet de nouvel album studio ? |
Pierre Citerne : Oui. Ce live nous a
permis de rebondir. On retrouvera, sur le prochain album studio, les
nouvelles compos présentées sur le CD live et d'autres également.
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Blues Café :
Merci beaucoup d'être passé dans le
Blues Café. Bonne chance aux MPN et à ce nouvel album ! |
Pierre Citerne : Merci à vous au revoir !
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