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LES INTERVIEWS DU BLUES CAFE

BOBBY DIRNINGER
Interview réalisée le 09/01/06 dans l'émission Blues Café sur Couleurs FM
par Cédric Vernet et Francis Rateau

Il s’appelle Dirninger, à l’évidence un nom qui sonne Alsacien, sa contrée d’origine, mais il a fait du Limousin sa région d’adoption. Pourtant son prénom, Bobby, l’identifierait presque comme un américain ! D’autant qu’il est très souvent là-bas, aux States, et du côté de Chicago ! Bobby Dirninger est une sorte de mutant, un jeune musicien en-dehors du main stream, du courant classique, extirpant de ses influences musicales un style très personnel, entre blues et folk. La chance lui a souri un jour de l’année 91 en croisant la chanteuse noire Zora Young. Le destin avait frappé. Bobby Dirninger vient de sortir un album dont on dira très vite qu’il est une oeuvre et certainement un tournant dans la carrière de ce véritable songwriter.
 

Quand on revient sur ta carrière, difficile de ne pas parler de cette année 91 ... ça a été un déclic ?
Oui tout à fait, c'était ma rencontre avec Zora Young. Cette année-là, j'ai aussi fait les premières parties de Willy Deville, Elliottt Murphy et j'ai joué avec Luther Allison.
Quand on lit ta biographie on croise des noms et des influences comme Elvis Presley, Bob Dylan, Simon & Garfunkel mais aussi des grands du Chicago Blues ... Est ce que ton album "In The End" est le mélange de tout ça ?
Oui je trouve. Toutes ces influences ont compté pour moi. Tous ceux qui aiment le blues devraient aimer des gens comme Elvis par exemple. Et puis y'a aussi les bluesmen, Mississippi John Hurt, Robert Johnson ... Ça dépend des âges. Quand on a 16 -17 ans on a une préférence pour la pop et le rock, à 25 ans on se tourne vers le blues et puis le jazz et après on mélange tout !
Multitude d'influences et multitude de rencontres également. On a parlé de Zora Young mais il y eut également Bob Koester du label Delmark ... 
Oui mais c'est vraiment Zora qui m'a permis cela. C'est elle qui a insisté pour que je sois embauché par Delmark. Depuis notre rencontre en 91, cette femme a toujours souhaité que je sois à ses côtés, en temps que musicien ou juste accompagnateur. A l'époque je n'avais pas beaucoup d'argent, j'avais 25 ans, et elle m'a pris sous son aile. Depuis elle me fait des cadeaux sans arrêt.
 
Elle t'a également donné confiance dans la voie que tu avais choisie ?
Oui complètement. Quand j'ai des doutes je pense à Zora et à tout ce qu'elle me dit. Et au fait qu'elle m'ait imposé chez Delmark. Je ne veux pas faire de fausse modestie mais je pense qu'à Chicago il y avait des pianistes tout aussi bons sinon meilleurs que moi qui étaient d'accord pour faire ce disque ! Elle voulait aussi faire un duo avec moi sur ce disque "Tore Up From the Floor Up" car elle aime bien ma façon de jouer l'acoustique.
 
N'est ce pas un peu compliqué de jouer à la fois avec Zora Young, souvent aux États-unis, et de ton côté en France ?
Il est vrai que la dernière fois que je suis parti à Chicago j'y suis resté quelques mois. J'ai joué avec pas mal de gens là-bas dans des clubs, ce que je rêvais de faire depuis longtemps. Mais il s'est passé quelque chose de bizarre car  j'en ai eu un peu assez du Chicago Blues. J'ai eu envie tout d'un coup de revenir à des influences que j'avais eu plus tôt. Ces morceaux me sont tombés du ciel car je composais plus depuis longtemps. J'ai alors commencé à faire des trucs plus folk, plus rock. Même dans le spectacle que je suis en train de monter pour la tournée, je cherche vraiment à aller vers autre chose. J'ai même engagé une danseuse orientale ... Je crois qu'on est à un tournant au niveau de la musique. Même si j'ai été très puriste du blues à une certaine période, j'ai maintenant envie de me pencher sur d'autres choses et de prendre le train en marche.
 
Que signifie le titre "In The End" ?
Quand j'étais aux États-unis, j'ai passé une sorte de crise artistique. Ce disque représente pour moi la fin d'une époque musicale que j'ai vécue. Je suis prêt maintenant à en vivre des nouvelles. Je vais vraiment chercher à renouveler quelque chose dans mes spectacles.
 
Tu penses que le blues doit absolument s'ouvrir vers de nouvelles influences ?
Quand je vais voir des concerts de Chicago Blues - et je vais en voir toujours beaucoup - je remarque déjà que le public ne se renouvelle plus et j'ai l'impression qu'il y a une espèce de lassitude des deux côtés, du public comme des musiciens. Il y a peut-être une fougue qui n'est plus la même ces derniers temps. Je pense que l'énergie, actuellement, est chez ceux qui s'ouvrent naturellement vers d'autres influences. Dans les concerts que je donne seul, je me suis rendu compte que je jouais de plus en plus de choses à côté du blues. C'était peut-être pour garder le public car je ne veux pas jouer que pour les aficionados du blues. Quand on est sur scène on a envie que les gens passent de bons moments. Et puis de toutes façons le blues est partout, dans le rock, le folk ...
 
Tu es attentif à la nouvelle scène blues qui va dans ce sens ?

Oui y'a plein de choses qui se sont passées dans le monde de la musique ces derniers temps. Je trouve que le spectacle vivant comme le disque doivent changer. C'est un défi qu'on a tous, d'essayer de ramener les gens vers les concerts. Ce que je critique un peu dans le Chicago Blues depuis quelques temps c'est qu'on sait ce qu'il va se passer. Sweet Home Chicago à la fin, The Thrill is Gone, etc. Il faut essayer de faire d'autres choses. Je connais beaucoup de musiciens américains qui sont extraordinairement bons mais qui, malheureusement, viennent en Europe juste pour prendre leur cachet. C'est dommage. Il faut essayer de ramener les jeunes vers le blues, vers cette sonorité, vers ce sentiment, vers cette âme.
 

Parlons un peu des paroles de ce disque. On t'y sens à la fois un peu désabusé mais tout ça avec beaucoup de recul ...
Oui, j'avais envie de parler des grands moments de ma vie. C'est clair que ce n'est pas toujours très optimiste mais il y a aussi des morceaux plus gais, qui parlent d'amour ou d'amitié notamment. Il y a donc un peu des deux, comme dans la vie, il y a le pessimisme et l'optimisme mais l'optimisme va l'emporter !


Bobby Dirninger sur le web : http://www.bobby-dirninger.com
 
 
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