LES
INTERVIEWS DU
BLUES CAFE |
BEVERLY JO SCOTT
Interview
réalisée le 6/06/05 dans l'émission Blues Café sur Couleurs FM
par Cédric Vernet et Francis Rateau
Aventurière dans
l'âme, Beverly
Jo Scott a quitté son Amérique natale à l'âge de 22 ans pour venir poser ses
valises en Belgique. C'est à ses racines dans le sud-est des USA qu'elle
rend hommage aujourd'hui en parcourant l'hexagone avec un vibrant hommage à
une de ses idoles : Janis Joplin. Le spectacle "Planet Janis" est un vrai
enchantement où les chansons de l'icône des 60's semblent avoir été écrites pour Beverly tellement elle y met de sa personnalité. Il faut dire que Beverly Jo Scott cultive de nombreux points
communs avec Janis Joplin : des racines communes certes, mais aussi un
certain goût de la provocation, une petite dose d'excentricité et la
recherche constante de nouveaux challenges ... Et Beverly n'a pas manqué de
challenges en cette année 2005 : outre le spectacle Planet Janis et un
concert à l'Olympia avec de nombreux invités, le label Dixiefrog a
sorti un double album live "Cut & Run" et un DVD ...
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Beverly, ton parcours est
marqué par des projets toujours très audacieux. Le dernier en date est consacré à Janis Joplin, c'est un hommage
que tu as voulu lui rendre ? |
Oui, c'est vraiment un hommage à elle et à ses influences. Je la ramène un
peu plus à ses racines qui sont nos racines communes : le sud des
États-unis et cette période des années 50 et 60 dans laquelle elle
s'est formée artistiquement.
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C'était une icône pour toi ?
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Quand j'avais 11 ans, j'ai découvert qui
c'était en même temps que les Jackson Five ou d'autres trucs
comme ça [rires]. C'était en 70, elle venait de décéder. Moi j'ignorais
qu'elle était morte, j'avais juste entendu un morceau qui s'appelle
Me & Bobby McGhee que j'adorais. Pendant longtemps, j'ai même cru
qu'elle s'appelait Pearl car c'était le nom de son album, qui
est devenu son surnom pour les dernières années de sa vie. C'était une
fille très farfelue, elle s'exprimait haut et fort ...
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Tu te retrouves dans son personnage ?
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Ce que je retrouve en elle, c'est nos
racines. Les femmes du sud sont des femmes assez offensives. On
attaque là où il faut et au moment qu'il faut tout en étant très
fragiles. Dans le Sud, les femmes sont élevées pour être les plus
délicates et les plus fortes possibles. Notre côté masculin doit être
surdéveloppé tout comme le côté féminin. Il y a donc toujours une
bagarre entre le yin et le yang. C'est ça que je retrouve chez elle.
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Comment se passe ce spectacle Planet
Janis ? |
C'est vraiment très chouette. Il y a
beaucoup d'énergie, beaucoup d'émotion car on prend des chansons qui
existent déjà et on les met à notre sauce. Je prends ça très à coeur
car je suis en train de toucher à l'intouchable. J'ai toujours voulu
faire ça. C'est comme quand j'ai repris "C'est extra" de Léo
Ferré. Cette chanson était intouchable. Pourtant, je l'ai faite à ma
façon et ça a lancé ma carrière. J'aime les challenges et je suis très
provocatrice.
Dans ce spectacle, je ne chante pas comme Janis Joplin. Je chante
comme Beverly Jo Scott. C'est ce que les gens doivent comprendre en
venant voir le spectacle. Ils ne vont pas voir une imitation de Janis
Joplin. Ce qu'ils vont voir c'est le feu, l'émotion, les sens d'une
femme qui chante avec son coeur, ses tripes, son âme. Je fais vraiment
ça du côté d'une fan.
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Tu es né en Alabama, sud profond des
États-unis et tu vis aujourd'hui en Belgique. Qu'est-ce qui t'a poussé
à quitter l'Amérique ? |
Ça serait vraiment beaucoup trop long à
raconter ! A 22 ans, j'avais envie de voir autre chose. Le
gouvernement américain ne me plaisait pas. De plus, à l'époque je
vivais avec une femme et les choses étaient très difficiles pour les
femmes comme nous là-bas. Voyant que j'étais née aventurière et
vagabonde, je suis partie en Europe.
Je suis arrivée en Belgique tout à fait par hasard. J'ai chanté dans
la rue et à partir de là j'ai refait ma vie.
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A l'écoute de tes albums, on retrouve un
attachement très fort à tes racines, la musique du sud des États-Unis,
mais on sent aussi que tu as puisé de nouvelles influences en Europe.
La chanson française est venue nourrir ton patrimoine musical ? |
Oui tout à fait. J'aime la langue
française. J'aime bien la parler et la chanter. C'est une langue qui
swing.
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Pourquoi as-tu voulu faire un album
live ? |
L'idée
était de boucler les 18 ans au cours desquels j'ai été sur la route
avec mon groupe. On m'a souvent proposé de faire un live et j'ai pensé
que le moment était venu. On avait envie de faire découvrir aux gens
nos chansons telles qu'on les joue en concert, et notamment des
chansons de mes albums précédents.
Ce projet a duré 1 à 2 ans, on a enregistré dans plusieurs
endroits en France, en Belgique et en Suisse. Pendant que j'étais en
train de mixer l'album et de monter le DVD live, le groupe a splitté !
C'était très inattendu et j'ai énormément souffert pendant le montage
du DVD en regardant le groupe que je voulais vénérer.
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A l'heure où ce projet d'album live
sort, tu parcours l'hexagone avec ton spectacle en hommage à Janis
Joplin. Tu n'avais pas envie d'aller présenter ce disque au public ? |
Ce double album est le résultat de 2 ans
d'enregistrements live. Ça fait des années que je tourne avec ses
chansons-là. Pour moi, cet album était vraiment un souvenir pour les
fans et une façon de commémorer ce groupe que j'adorais et qui m'a
supporté pendant de si longues années. J'aurais pu continuer à le
défendre, en faisant une tournée de plus, si le groupe n'avait pas
splitté. On avait tous envie d'un break car on avait beaucoup tourné
mais je ne pensais pas que ça serait définitif.
J'ai créé Planet Janis car je ne supporte pas de rester
tranquille. Ça me déprime ! Comme j'avais quelques mois de vides devant moi, je me suis dit que c'était le moment pour faire ce spectacle.
Beverly Jo Scott sur le web :
http://www.bjscott.com |