BJORN BERGE
I’m The Antipop
Dixiefrog / Harmonia Mundi

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Ogre norvégien et guitare folle
[10/01/07]
Monstrueux ! C’est cette exclamation non usurpée qu’il est généralement courant
d’entendre lors d’un concert de Bjorn Berge tant la présence de ce type, la
plupart du temps seul sur scène, relève plus du cataclysme que du show ! Mais
nul ne sait ce qui est le plus hallucinant, l’impressionnant gaillard musclé et
tatoué, grondant d’une voix d’ogre des mélopées à la hache, ses paluches de
bûcheron scandinave, montées de multiples doigts hardis et habiles, ou bien sa
fabuleuse guitare qui crache des notes ivres qui dansent, glissent, surfent et
semblent échapper à tout contrôle du boss dans un nuage menaçant ? Le norvégien
parcourt l’Europe des festivals depuis quelques années, drainant, comme une
cour, le monde, bouche bée, derrière lui, gravant dans le marbre dur d’un blues
atypique une série de disques explosifs, déroulant son jeu comme un char à
l’assaut du siècle nouveau. La musique de Bjorn Berge n’est pas du blues
conventionnel, et c’est bien, mais plutôt un paréo de couleurs jeté sur des
influences variées qui vont du blues, principalement, au rock et au folk.
L’alchimiste crée un environnement sonore unique, très urbain, juste avec sa
voix et sa guitare, sorte de monde brut d’où percent de sublimes volutes
époustouflantes chargées de bleu. Ce nouvel opus, à la différence des précédents
butinés par les compositions du viking, revisite une douzaine de pièces en
provenance variée, que le sorcier rend soudain incantatoire et magique, à l’aide
d’un simple instrument qu’il est convenu d’appeler guitare (et pourtant on en
douterait !), ou parfois, délice suprême, accompagné d’un percussionniste. Bjorn
reprend une poignée de pièces de ses artistes favoris dans un monde où l’on
croiserait Led Zep, Elmore James, Zappa, les Red Hot, Motörhead, et même Berge
lui-même ! Ses outils à lui prennent l’allure d’une guitare 12 cordes classique
ou d’une 12 cordes basse, voire d’une guitare mexicaine baryton, de foot stomps
et d’un chant profond qui sait se faire suave quand il le faut. Ce type prouve
qu’avec simplement une guitare et une voix, on peut déployer autant d’énergie
qu’avec une formation au grand complet, mais encore faut-il avoir dans la voix,
le souffle d’une tempête, dans les doigts l’agilité d’un danseur, et dans le
cœur la passion du blues ! Cet album sent la brûlure du talent dans la fournaise
d’une musique ... antipop !
[Francis Rateau]
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