BOB MARGOLIN
In North Carolina
Steady Rollin
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Repos du guerrier
[15/01/07]
Bob Margolin a roulé sa
bosse des dizaines d’années en compagnie des plus grands musiciens de blues, et
10 ans avec Muddy Waters. Il a signé sur la plupart des grands labels de blues
US, sous son propre nom ou avec d’autres. Il a aussi contribué à réunir sur
scène, et sur CD, un grand nombre de légendes du blues américain. C’est un
guitariste accompli, mais aussi capable de tenir n’importe quel instrument, ou
presque, dans ses pattes. Il a encore raflé une charrette de distinctions
diverses. N’en jetons plus, Bob Margolin, est déjà presque une légende lui-même.
C’est peut-être pourquoi vient-il de décider de se la couler douce avec un album
fait à la maison, et seul, dans ses pantoufles, avec juste les regards attendris
de sa femme (en tricotant ?) et de son chien (forcément allongé près de la
cheminée), peut-être aussi celui, plus froid, de machines lui permettant de
réaliser l’enregistrement. Margolin avait-il besoin de calme, de paix, de
concentration pour créer encore ? En tout cas il aurait trouvé tout ça au fond
d’un studio en Caroline du Nord. On n’en doute pas un seul instant et le
résultat est à la hauteur de l’étonnement. Ce guitariste plutôt électrique, très
orienté généralement dans le Chicago Blues, révèle dans ce très intimiste album,
une dimension beaucoup plus large, pénétrant avec réussite, des aspects musicaux
peu habituels. Tels des pièces plus musclées, électrisées, jump, ou bien
langoureux dans de longs blues lents. Tels que des sons plus roots, du delta et
des ballades de country blues, parfois étonnamment chantées avec une voix suave
et lancinante, cette voix qui n’est certes pas, au demeurant, le meilleur atout
de l’artiste. Tels encore des airs variés, oscillant entre un jazz manouche
swinguant et un ragtime classique, un chant de crooner et un rockabilly torride
ou une ode hawaïenne instrumentale. L’homme se joue des difficultés, se la joue
cool, en maîtrisant, sur l’opus, aussi bien des guitares (de l’acoustique à
l’électrique, du dobro à la pedal steel), que de la batterie et de la basse. On
sent partout l’envie de façonner son plaisir solitaire, trop à l’écoute, car
cela manque, évidemment, de personnalité croisée avec celle d’autres musiciens,
et qu’un chef d’orchestre comme Margolin aurait pu engager aux limites de leur
talent. Son chant même semble contenu par l’absence d’excitation, voire
d’émotion, qu’une formation, a contrario, pousserait à la fêlure de l’émotion.
Mais c’est bien fait, intimiste, et l’on se régale malgré tout de la plupart de
ces quatorze morceaux, entre reprises et compositions, principalement sur les
blues roots dans lesquels Bob Margolin excelle sur ce disque. En bonus, sur fond
de talkin blues, 3 notes de guitare derrière, le musicien rappelle aussi
qu’il est un confrère et qu’il écrit, notamment, dans l’excellent magazine US
‘Blues Revue’
[Francis Rateau]
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